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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:10

XV

Natacha paya les bas – un prix encore élevé pour des paires de reste, cependant pas excessif –. Elle salua la vendeuse et quitta le magasin.

Elle avait hâte d’aller surprendre sa grand-mère.
Quand celle-ci ouvrit la porte et aperçut la jeune fille, son visage s’éclaira.
- Natacha ! Je ne t’attendais pas ce matin… Cela me fait plaisir de te voir, tu sais ?
Et puis, réalisant soudain que Natacha avait mis le petit tailleur de ses vingt ans :
- Entre, et montre-toi un peu mon ange… Tu es magnifique ! Si tu savais comme je suis contente de te voir ainsi… Ce tailleur te va comme un gant ! Mieux qu’à moi… (elle en rajoutait un peu, comme souvent).

Natacha entra.
- J’étais en train de faire du thé, tu en veux une tasse ?
La jeune femme acquiesça. Elle s’assit dans un des fauteuils de cuir du salon. Elle sentit, sous la jupe du tailleur, la gaine exercer une légère pression sur son ventre. Décidément, la position assise n’était pas la plus confortable…

Iryna la rejoignit, portant un plateau sur lequel elle avait disposé la théière de fonte et deux tasses de porcelaine, un petit pot de lait et une coupe garnie de morceaux de sucre. Elle posa le tout sur une petite table basse, entre les deux fauteuils et servit le thé. Natacha ajouta un peu de lait et de sucre et remua la tasse, tout en humant le parfum s’en échappant.
- Hum… ça sent bon… J’adore ton thé de grand-mère !
Iryna sourit. Avisant le sac portant l’enseigne du magasin de lingerie, que Natacha avait posé à côté d’elle, elle reprit :

- Ah ! Je vois que tu as fait des achats…

Natacha saisit le sac et répondit, tout en l’ouvrant :

- Je me suis acheté deux paires de bas.

- Tu n’aurais pas dû, je peux t’en donner d’autres paires. Mais ne me dit pas que tu as déjà filé celles que tu as emportées quand tu es venue…

- Non, rassure-toi… Je les ménage, les réservant pour les grandes occasions !

Sur ce, elle entreprit de lui raconter ses derniers exploits, l’achat du porte-jarretelles, après l’avoir quittée la dernière fois, la soirée avec Jean (en oubliant certains épisodes), enfin l’achat des bas, le matin même.

- J’ai mis la gaine aujourd’hui… Il faut que j’essaie de m’y habituer si je veux jouer le grand jeu ce soir.
- Cela ne m’étonne pas de toi, lui répondit Iryna, amusée. Comment te sens-tu dedans ?
- Euh, à vrai dire, en ce moment, assise comme cela, ce n’est pas vraiment le pied.
- Oui, je m’en doute. C’est un modèle renforcé sur le devant, une gaine de bon maintien, comme au disait autrefois. Cela demande un peu de patience et de pratique pour s’y faire. Comme certaines chaussures.
- Et tu n’as pas quelque chose qui ressemble, en moins rigide.
- Hélas non, ma chérie. Une fois qu’on est habituée à une certaine tenue, il n’est pas évident de revenir à une ceinture plus souple. C’est un peu comme de passer d’une Porsche à une Deux-chevaux !

Les comparaisons que sa mamie se plaisait à faire avec le monde automobile amusaient Natacha. Elle ne put réprimer un petit rire joyeux.
- Tu ris, mais c’est la vérité.
- Bon en attendant, j’aimerais bien trouver quelque chose de moins serré !

Iryna examina les bas achetés par la jeune femme.
- Ils ne sont pas mal. A vrai dire, je ne pensais pas qu’on  puisse encore en trouver de semblables.
- C’est un stock relativement ancien, à ce que j’ai compris.
- Tu as remarqué, une des paires a la couture ?
- Oui, j’avais envie d’en avoir une paire, pour essayer à l’occasion.
- J’en ai souvent porté au début des années 50. Il n’y avait presque que cela dans les merceries. Quand les bas sans couture sont arrivés, la plupart des femmes les ont adoptés, les plus âgées exceptées. Ma mère par exemple, n’a jamais voulu en acheter. Elle trouvait cela vulgaire et ne comprenait pas que je m’y sois mise. Il faut dire que, pour les femmes de sa génération, les bas représentaient quelque chose de très important. Pendant la guerre, alors qu’ils étaient introuvables (la soie et le nylon étaient réquisitionnés par l’armée), nombreuses sont celles qui se peignaient les jambes et dessinaient au crayon une couture en trompe-l’œil… Moi, j’étais encore trop jeune pour qu’on m’autorise à mettre des bas : je n’ai pas connu cela !

Natacha captivée par le récit de son aïeule, buvait ses mots. La vieille dame marqua une pause dans son récit. Un nuage passa sur son front. Elle poursuivit :
- La paire que tu as achetée a la couture en pointe. Ce sont ceux que je préférais. D’autres avaient un renforcement carré à la cheville, beaucoup moins élégant à mon goût.
Elle marqua une nouvelle pause.
- Quand tu les mettras, j’aimerais bien te voir avec. Cela me rappellera des souvenirs !

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commentaires

J
Ou je me trompe ou vous avez commis un magnifique lapsus, que vouliez-vous écrire ? Ce n'est pas le mien (de métier), je suppose et vous avez écrit ce n'est pas le mieux. Dans ce cas, qu'avez-vous<br /> à reprocher au métier d'écrivain ? Je suis journaliste et donc considérée comme un écrivain, c'est un métier que j'aime beaucoup pratiquer, et je sais reconnaître une belle plume quand j'en croise<br /> une, et vous en êtes une, faites-moi confiance.
Répondre
L
<br /> <br /> En effet... un lapsus fâcheux... qui me fâche! Je n'ai rien "contre" le métier d'écrivain, rassurez-vous!<br /> <br /> <br /> Merci pour votre attention fidèle...<br /> <br /> <br /> <br />
B
Je lis, je lis, je commente moins, mais je suis toujours là. Toujours une belle histoire comme j'aime, inutile de le dire.<br /> <br /> Merci et amitiés
Répondre
L
<br /> <br /> Merci pour le signe de vie!<br /> <br /> <br /> <br />
J
Ne vous découragez surtout pas, cher Léo, peut-être en effet devriez-vous passer à autre chose quelques temps, histoire de retrouver l'inspiration. Il est possible que nous, fidèles lecteurs, vous<br /> avons-nous un peu trop mis la pression. Et, un écrivain sous pression peut tout aussi bien produire mieux que moins bien.Car oui, vous êtes un écrivain car vous êtes, selon la définition de ce mot<br /> "habile dans l'art d'écrire" même si vous n'en faites pas votre métier, quoique... peut-être celui-ci a-t-il un rapport étroit avec l'écriture ?
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L
<br /> <br /> Merci pour le compliment. Ecrivain, je ne sais pas: c'est un métier, et ce n'est pas le mieux [coquille pour le mien, bien sûr!], même si j'écris beaucoup... Ce qui m'intéresse,<br /> c'est de transmettre une émotion, pas de raconter une histoire. Le malaise vient probablement de là. Pour moi, le modèle idéal, c'est la condensation suprême de l'écriture qui fait que, pour un<br /> instant, on se retrouve suspendu dans une sorte de monde détaché de toute contingence. L'art du haiku, en quelque sorte...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Je partage l'avis général (lol) un peu trop de ramollissement dans le récit, gageons que le suite n'en sera que plus piquante, j'ai confiance !
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J
Je suis un peu déçue par les deux derniers chapitres, les dialogues ont un petit je ne sais quoi qui m'agace un peu. Quant à la question de savoir s'il doit ou non y avoir maintien laisse un petit<br /> peu trop ressurgir vos préférences à vous, cher Léo, même si vous faites de louables efforts pour être moins strict.Ce que j'ai envie de savoir, c'est ce que pensent les amies de Natacha de ce<br /> nouvel engouement pour la lingerie vintage.Mais cela sera-t-il sans doute l'objet d'un prochain chapitre.
Répondre
L
<br /> <br /> Les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures...<br /> <br /> <br /> Vu le peu de réactions suscitées par les derniers chapitres, hormis les vôtres, dont je vous sais gré, je pense que le moment est venu de passer à autre chose.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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