XVII
Ce matin là, Natacha et Jean restèrent au lit plus longtemps que prévu, à paresser en se faisant de tendres câlins. Ils se restaurèrent d’un petit déjeuner copieux puis passèrent à la douche, qu’ils prirent ensemble. Son corps tout contre celui de la belle, l’eau ruisselant sur eux, il eut une violente érection… qui ne passa pas inaperçue. Sortant de la douche, Natacha coupa l’eu chaude. Jean rugit sous la douche. « Voilà qui le calmera », se dit Natacha, contente du méchant tour qu’elle venait de lui jouer. Jean sortit à son tour, maugréant.
- C’est malin !
- C’est pour ton bien. Il faut te ménager. Tu n’as pas tout vu !
Elle sortit le tailleur et le lui présenta.
- Qu’en penses-tu ?
Encore vexé par la mésaventure, Jean rétorqua.
- Bof, que veux-tu que je te dise, faut voir…
Elle ne tira pas ombrage de cette réponse peu amène, comprenant la mauvaise humeur du garçon, malheureuse victime d’une douche écossaise.
Pendant que Jean finissait sa toilette, elle prépara soigneusement ses vêtements.
En choisissant les bas, elle repensa à la scène du film visionné la veille au soir. Elle sortit de leur pochette la paire de bas-couture fumée achetés la veille – qu’elle ne se serait pas imaginée étrenner si vite. Elle se sentait une dette envers son amant et tenait à faire fort.
Elle mit son soutien-gorge et passa la gaine. Quand la fermeture éclair fut tirée, elle éprouva un sentiment de confort inattendu. La gaine épousait ses formes parfaitement, exerçant une tension sur le ventre et les hanches qui lui parut beaucoup moins pénible.
Une certaine anxiété l’habitait toutefois à l’idée de se présenter ainsi devant son amant. Elle prit son courage à deux mains.
- Jean ! J’ai besoin de toi…
Il la rejoignit. A la vue de Natacha, le peigne lui tomba de la main. Il la contemplait, n’osant approcher, bouche ouverte. La jeune fille, amusée, vint à son secours.
- C’est une ceinture ancienne. C’est mieux pour le tailleur que je t’ai montré. Cela ne te plaît pas ?
Jean s’approcha.
- Euh, non, ce n’est pas que cela ne me plaise pas… Je… je ne n’attendais pas à cela, c’est tout.
Il posa la paume sur le plastron satiné qui lui faisait un ventre parfaitement plat, puis sur les fesses de la belle, moulées par la gaine.
- Cela à l’air assez rigide… Comment peux-tu supporter cela ?
- Aide-moi plutôt à enfiler les bas ! répliqua Natacha, soudain joyeuse.
Elle introduisit son pied cambré dans le bas, préalablement retroussé, puis entreprit de le dérouler sur sa jambe.
- Veux-tu vérifier si la couture est bien droite? Jean s’accroupit et, maladroitement, redressa la couture, qui partait trop à l’extérieur.
- Fais bien attention de ne pas abîmer les bas. Ce n’est pas donné !
Sa main tremblait un peu. ll avait soudain la gorge sèche.
Natacha saisit la jarretelle de devant et pinça le bas d’un petit geste précis et rapide. Faisant pivoter son buste sur le côté, elle fit de même pour celle de derrière.
Jean s’était redressé. Son pantalon, sur le devant, était déformé.
- Qu’en dis-tu ?
Pétrifié par l’émotion, Jean ne savait que répondre.
- On met l’autre bas ?
Quand ce fut chose faite, Jean ne put résister à l’envie de prendre Natacha dans ses bras. Il voulut l’entraîner vers le lit, mais elle se déroba à son étreinte.
- Plus tard ! Un peu de patience… mon petit homme, la journée n’est pas terminée !
Elle enfila la combinaison, l’ajusta sur son corps, et passa la jupe du tailleur, enfin la veste.
Jean la regardait, médusé.
- Allez, remue-toi, finis de t’habiller. J’aimerais prendre l’air avec mon amoureux !
Natacha se sentait pleine d’une énergie débordante. Elle menait le jeu. Et cela n’était pas pour lui déplaire.