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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 12:02

XX

Durant les semaines qui suivirent, accaparée par divers travaux qu’elle devait rendre et des exposés à présenter, Natacha n’eut plus vraiment le loisir de repenser à ce dimanche qui resterait à jamais inscrit dans sa mémoire.

Sans renoncer à ses jeans et ses blousons, elle se mit cependant, progressivement, à adopter de plus en plus souvent une tenue plus proche de l’image idéale qu’elle s’était, plus ou moins consciemment, formée. Le petit tailleur ne ressortit cependant plus de l’armoire pendant quelque temps. Peut-être la charge émotionnelle était-elle encore trop forte… Mais les quelques jupes qu’elle possédait revenaient à tout de rôle sur le devant de la scène, assorties avec des hauts variés, tous plus féminins les uns que les autres.

Elle adopta les bas – sans couture ! – avec un certain plaisir. Quand elle se promenait jambes nues, elle avait l’impression qu’il lui manquait quelque chose… Au début, le petit porte-jarretelles remplit bravement sa mission ; elle en tendait au maximum les rubans, de manière à éviter autant que possible que les bas ne pochent, comme elle en avait fait la douloureuse expérience au premier jour.

Un soir qu’elle naviguait sur la toile à la recherche d’un porte-jarretelles susceptible de lui faire service (le sien montrait hélas quelques signes de faiblesse), le hasard des requêtes lancées sur le net la fit aboutir sur un blog étonnant, plein de conseils, de renseignements et de billets relatifs aux bas, à la façon de les porter, à leur histoire, au rôle qu’ils avaient joué et pourraient encore jouer dans notre société. La lecture en zig-zag de ce blog lui prouva qu’elle n’était pas la seule à aimer porter des bas. Elle lu avec beaucoup d’intérêt les confidences d’une fille de son âge, folle de bas, de porte-jarretelles, de gaines et de corsets. Des visiteuses convaincues faisaient part des expériences qu’elles avaient faites et y allaient de leurs conseils. Plusieurs vantaient, pour « les bas au quotidien », l’usage de petites gaines sans armatures, suffisamment fermes toutefois pour assurer un maintien satisfaisant et une tenue parfaite des bas, plus sûres et confortables que les porte-jarretelles.

Curieuse d’en faire le test, elle commanda sur un des sites conseillés par le blog un modèle qui lui parut à la fois élégant et fonctionnel : une gaine « 18 heures » de la marque Playtex, ouverte en bas, munie de quatre jarretelles relativement courtes. Elle la reçut une dizaine de jours plus tard et l’essaya le lendemain même. Relativement agréable à porter, elle permettait en effet une tension parfaite des bas. Elle la porta durant toute la journée sans vraiment y penser. Le soir venu, elle fut cependant contente de s’en extraire et d’enfiler un jean.

Son petit stock de bas commençant à se réduire comme peau de chagrin (ils sont vite filés hélas), elle résolut à quelques temps de là de faire une petite visite de courtoisie –  pas tout à fait désintéressée – à sa chère mamie. Se remémorant le vœu d’Iryna, lors de leur précédente rencontre, elle prépara le tailleur gris chiné et sortit de leur pochette les bas-coutures fumée.

 

Après s’être vêtue de pied en cap, elle vérifia comme elle pouvait le positionnement des coutures sur ses mollets (Jean n’était pas là pour lui prêter main-forte !). Satisfaite, elle s’éclipsa et se mit en route sans tarder. Sur le boulevard, elle eut l’impression étrange que tout le monde regardait ses bas et voyait en transparence sous ses jupes. Elle chassa vite cette pensée et ne se préoccupa plus des autres.

Chemin faisant, elle croisa une amie. Après s’être embrassées, celle-ci lui lança :
- Wawww … le look ! Tu vas à un rendez-vous galant ?
Natacha pouffa.
- Non, je vais chez ma mémé !
Son interlocutrice, désarçonnée par cette réponse inattendue, ne jugea pas bon de prolonger outre mesure la conversation. Les deux filles se séparèrent.

Natacha avait redouté le moment où une de ses amies la surprendrait ainsi vêtue. Expérience faite, il lui sembla soudain que cela n’avait aucune espèce d’importance. Fière d’elle, elle continua sa route, telle le Chaperon rouge défiant le loup.

Passant devant le magasin de lingerie où elle avait acheté les bas qu’elle portait, elle jeta un regard distrait sur la vitrine, sans toutefois s’arrêter. Peut-être y reviendrait-elle un de ces jours afin d’acheter quelques paires supplémentaires de bas-coutures… Mais pour l’heure elle avait mieux à faire.

Iryna fut très heureuse de découvrir sa petite-fille sur le palier. Cela faisait un bon moment qu’elle ne l’avait pas revue ! Elle ne remarqua toutefois pas spontanément qu’elle portait les fameux bas-coutures. Natacha, légèrement déçue, se tourna vers elle et lui lança :
- Tu n’as rien remarqué ? Je les ai mis pour toi !
Iryna prit un peu de recul pour mieux juger de leur effet.
- Ah ! Tu as mis tes bas-coutures ? Ils sont très beaux. Très raffinés. Et ils sont parfaits avec ce tailleur. Je te félicite, ma petite !

Les deux femmes s’installèrent dans le salon. Iryna remarqua que sa petite-fille s’asseyait différemment, d’une manière plus élégante, en maintenant les jambes serrées. Décidément, les bas ont une vertu éducative, se dit-elle en elle-même…

Après avoir pris des nouvelles de sa santé et échangé quelques propos usuels, Natacha en vint droit au but.

- Tu sais mamie, je me suis mise aux bas plus régulièrement. Est-ce que tu pourrais m’en refiler quelques paires supplémentaires ? Cela me rendrait service…
- Si tu cherches des bas-coutures, je n’en ai pas, hélas.
- Non non, des bas normaux. Les coutures, c’est pour des occasions très spéciales… !
- Suis-moi, Natacha !
Les deux femmes montèrent à l’étage. Iryna ouvrit une commode et en extirpa plusieurs petites boîtes à chaussures, dans lesquelles des pochettes de bas étaient sagement rangées.

- Prends ce qui te fait plaisir !

Natacha choisit une dizaine de paires, de teintes variées.

- Génial ! Tu es vraiment une super-mamie…

Iryna ouvrit un autre tiroir et en sortit trois combinaisons, une blanche, l’autre noire et la dernière d’une teinte qu’on aurait pu appeler « vieux rose ».

- Cela te sera peut-être utile, puisque tu as décidé de te mettre aux bas ! fit-elle, en lançant un clin d’œil à la jeune femme.

Natacha lui fit une grosse bise sur la joue. La vieille dame sourit.

- Tu t’en vas déjà ?

- Oui, j’ai plein de trucs à faire aujourd’hui, désolée, pas le temps de prendre le thé avec toi !

Natacha embrassa sa grand-mère tendrement et prit congé d’elle.

 

Ce soir elle retrouverait Jean. Elle ne pensait plus qu’à cela.

Natacha-epilogue.jpg

Reconnaissez-vous cette jolie rousse....?

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 16:05

XIX

Quand ils retrouvèrent l’immeuble où vivait Natacha, Jean avait eu le temps de reprendre ses esprits. Il lui emboîta le pas dans la cage d’escalier et eut tout loisir d’admirer les coutures, qui dessinaient sur les chevilles de Natacha deux petites Tour Eiffel prolongées par des lignes parallèles. La couture soulignait le galbe parfait des mollets de la jeune femme. Elle plissait au creux de son genou à chaque pas, frôlée par l’ourlet de la jupe, dont le balancement le fascinait autant que les « diminutions » ménagées dans le tricot, qui traçaient sur chaque jambe deux petites routes improbables, sans issue.

Il mourrait d’envie d’enfiler sa main sous sa jupe. Un geste aussi peu chevaleresque lui parut cependant déplacé et il se fit violence. Son désir, aiguisé par les scènes subies durant cette promenade interminable, lui faisait l’effet d’un cheval cherchant à se libérer du frein qui le retient. Il se contenta d’essayer d’interrompre la course de Natacha en la saisissant par surprise à la taille. Cette tentative arracha à la jeune femme un petit rire aussi joyeux que l’eau de source. Elle lui donna un baiser sur le nez, comme on pose un pourboire sur le comptoir. Et d’escalader les marches en riant !

La porte refermée sur eux, les choses sérieuses commencèrent. Jean n’avait plus du tout envie de rire. Son désir était à son comble. Il entraîna Natacha vers le lit, sans qu’elle n’opposât trop de résistance. Sans en avoir l’air, elle mourrait elle aussi d’impatience… et de désir. Jean avait été héroïque. Elle revoyait sa tête quand elle avait réajusté un de ses bas dans la cour de l’immeuble. Elle se sentait plus amoureuse de lui qu’elle ne l’avait jamais été.

Les deux mains au dos, elle déboutonna sa jupe, qui tomba sur le parquet avant même qu’ils aient atteint le lit. Il retira la veste de son tailleur et la jeta au loin, avant de soulever Natacha dans ses bras. S’agenouillant sur le lit, il la déposa, telle une offrande. Retirant son veston, il se jeta sur elle, tentant d’une main maladroite de défaire sa ceinture. Son sexe lui paraissait énorme. Baissant son pantalon, il fit mine de la prendre. Frôlant le rebord de la gaine, son sexe tendu se cabra. Elle le repoussa.

- Attends !
Elle décrocha les bas qui détendus, flottaient sur ses jambes, et lui demanda, le souffle court, de les lui ôter et de dégrafer sa gaine. Subjugué, il concentra toute la lucidité qui lui restait pour lui obéir. Les bas retirés, il fit coulisser la fermeture-éclair de la gaine et décrocha, un à un, d’une main tremblante d’émotion, les cinq crochets qui maintenaient encore sous contrôle le ventre de la jeune femme. Celle-ci passa la ceinture sous ses fesses et la fit glisser le long se ses jambes. Elle releva la combinaison ourlée de dentelles, découvrant son sexe en attente de lui. L’attirant à elle, elle l’invita à se perdre en son sein. Tout son être lui sembla soudain se réfugier dans son ventre.

Natacha et Jean firent l’amour comme jamais encore ils ne l’avaient fait. Cet embrasement magnifique des sens et de l’âme leur parut ne plus devoir prendre fin. Quand l’amour permet une fusion parfaite de deux êtres, dans une prise de possession mutuelle insatiable, le temps s’abolit. La terre s’arrête de tourner.

Quand ils émergèrent à la surface du monde, la nuit tombait. Ils restèrent encore longtemps enlacés l’un contre l’autre, comme s’ils avaient craint de se perdre.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 09:52

XVIII

Les jeunes gens sortirent bras dessus bras dessous. Natacha était heureuse de se montrer au bras de Jean sous son plus beau jour. Elle avait l’impression que le monde entier les regardait, marchant enlacés.
- Mes coutures sont bien droites ?
Après avoir vérifié, Jean rassura la belle.
- Pas de souci. Tu es éblouissante !
Sans en rien laisser paraître, le garçon vivait un enfer. Il ne pouvait plus attendre le moment de se retrouver en tête à tête avec Natacha.

Au détour d’une rue, Jean remarqua le mouvement d’un passant qui, derrière eux, se retourna, de toute évidence très intéressé par les bas de Natacha. Cela le rendit à la fois fier et jaloux. Il n’en pipa mot. Son envie d’elle redoubla.

Passant devant une confiserie, Natacha s’y engouffra.
- On prend un thé. Je meurs de soif. Et de faim.
Tous deux choisirent une pâtisserie et commandèrent une portion de thé. A leur habitude, ils s’assirent côte à côte. Il posa sa main sur sa jupe et sentit poindre sous sa paume le bouton d’une des jarretelles. Extrêmement troublé, il longea du doigt le rebord élastique de la gaine, invisible sous le tissu mais parfaitement perceptible. Il eut à nouveau une érection violente, qu’il tenta de juguler en embrassant goulûment sa belle. Une nouvelle douche froide s’imposait en urgence !

Ce goûter improvisé parut à Jean durer une éternité. Ils quittèrent enfin la pâtisserie et prirent le chemin du retour.
- Tu préfères ces bas ou les autres ? lui demanda Natacha à brûle-pourpoint.
- Heu, à vrai dire, quand je te vois dans ce tailleur un peu rétro, je trouve que ces bas sont incroyables. Cela te donne une allure de star ! Mais j’imagine mal que tu les mettes avec ta robe noire, par exemple…
- Ah bon…, et pourquoi cela, s’il vous plaît, mon petit monsieur ?
- Ben… ma petite dame, cela ne passe pas vraiment inaperçu. C’est peut-être un peu « trop » non ?
Natacha ne put (ou ne voulut) cacher une moue passagère.
- Et alors ? On a le droit d’aimer ce genre de fringues, non ? Quel mal à cela ? Moi, tu vois, je n’aurais pas imaginé avant d’essayer, mais je trouve cela hyper élégant…
Jean ne répondit pas.

- Il me semble que la couture de ton bas droit file vers l’extérieur, lui fit-il remarquer.
Tournant la tête, Natacha dut faire un effort pour pouvoir constater par elle-même que la remarque de Jean était fondée. Flûte !

Avisant une arrière-cour, elle y entraîna Jean.
- Ecoute, c’est pas grave, on ne va tout de même pas faire ça ici, on peut rentrer comme ça chez toi…
Il n’eut pas le temps de terminer sa litanie. Natacha, soulevant sa jupe, avait décroché le bas fugueur. Elle demanda à Jean de corriger le défaut constaté. Il fléchit les genoux et s’exécuta sans mot dire, guettant du coin de l’œil les alentours et priant pour que personne ne débouche de manière inopinée ! La jeune femme refixa promptement le bas aux jarretelles et fit volte-face. Saisissant son amant par le bras, elle l’entraîna hors de la cour.

Le jeune homme était tétanisé.

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 11:04

XVII

Ce matin là, Natacha et Jean restèrent au lit plus longtemps que prévu, à paresser en se faisant de tendres câlins. Ils se restaurèrent d’un petit déjeuner copieux puis passèrent à la douche, qu’ils prirent ensemble. Son corps tout contre celui de la belle, l’eau ruisselant sur eux, il eut une violente érection… qui ne passa pas inaperçue. Sortant de la douche, Natacha coupa l’eu chaude. Jean rugit sous la douche. « Voilà qui le calmera », se dit Natacha, contente du méchant tour qu’elle venait de lui jouer. Jean sortit à son tour, maugréant.
- C’est malin !
- C’est pour ton bien. Il faut te ménager. Tu n’as pas tout vu !
Elle sortit le tailleur et le lui présenta.
- Qu’en penses-tu ?
Encore vexé par la mésaventure, Jean rétorqua.
- Bof, que veux-tu que je te dise, faut voir…
Elle ne tira pas ombrage de cette réponse peu amène, comprenant la mauvaise humeur du garçon, malheureuse victime d’une douche écossaise.

Pendant que Jean finissait sa toilette, elle prépara soigneusement ses vêtements.
En choisissant les bas, elle repensa à la scène du film visionné la veille au soir. Elle sortit de leur pochette la paire de bas-couture fumée achetés la veille – qu’elle ne se serait pas imaginée étrenner si vite. Elle se sentait une dette envers son amant et tenait à faire fort.

Elle mit son soutien-gorge et passa la gaine. Quand la fermeture éclair fut tirée, elle éprouva un sentiment de confort inattendu. La gaine épousait ses formes parfaitement, exerçant une tension sur le ventre et les hanches qui lui parut beaucoup moins pénible.
Une certaine anxiété l’habitait toutefois à l’idée de se présenter ainsi devant son amant. Elle prit son courage à deux mains.
- Jean ! J’ai besoin de toi…

Il la rejoignit. A la vue de Natacha, le peigne lui tomba de la main. Il la contemplait, n’osant approcher, bouche ouverte. La jeune fille, amusée, vint à son secours.
- C’est une ceinture ancienne. C’est mieux pour le tailleur que je t’ai montré. Cela ne te plaît pas ?
Jean s’approcha.
- Euh, non, ce n’est pas que cela ne me plaise pas… Je… je ne n’attendais pas à cela, c’est tout.
Il posa la paume sur le plastron satiné qui lui faisait un ventre parfaitement plat, puis sur les fesses de la belle, moulées par la gaine.
- Cela à l’air assez rigide… Comment peux-tu supporter cela ?
- Aide-moi plutôt à enfiler les bas ! répliqua Natacha, soudain joyeuse.

Elle introduisit son pied cambré dans le bas, préalablement retroussé, puis entreprit de le dérouler sur sa jambe.
- Veux-tu vérifier si la couture est bien droite? Jean s’accroupit et, maladroitement, redressa la couture, qui partait trop à l’extérieur.
- Fais bien attention de ne pas abîmer les bas. Ce n’est pas donné !
Sa main tremblait un peu. ll avait soudain la gorge sèche.
Natacha saisit la jarretelle de devant et pinça le bas d’un petit geste précis et rapide. Faisant pivoter son buste sur le côté, elle fit de même pour celle de derrière.

Jean s’était redressé. Son pantalon, sur le devant, était déformé.
- Qu’en dis-tu ?
Pétrifié par l’émotion, Jean ne savait que répondre.
- On met l’autre bas ?

Quand ce fut chose faite, Jean ne put résister à l’envie de prendre Natacha dans ses bras. Il voulut l’entraîner vers le lit, mais elle se déroba à son étreinte.
- Plus tard ! Un peu de patience… mon petit homme, la journée n’est pas terminée !
Elle enfila la combinaison, l’ajusta sur son corps, et passa la jupe du tailleur, enfin la veste.
Jean la regardait, médusé.
- Allez, remue-toi, finis de t’habiller. J’aimerais prendre l’air avec mon amoureux !
Natacha se sentait pleine d’une énergie débordante. Elle menait le jeu. Et cela n’était pas pour lui déplaire.

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 20:52

XVI

Rentrée chez elle, Natacha se hâta de rejoindre sa chambre. La gaine, qui exerçait sur son ventre et ses hanches une pression constante commençait à lui devenir pénible. N’ayant pas la fibre d’une martyre, elle décida de s’accorder une petite pause. Elle avait rendez-vous avec quelques copines en début d’après-midi ; elle opta pour une tenue passe-partout : un jean, un pull à col roulé et un petit blouson de cuir cintré feraient l’affaire.

En ville, entre copines, Natacha passa un excellent moment. Elle appréciait ces moments d’échange où on discutait de tout et de rien, sans plan précis. Toutes les filles étaient en pantalon, sauf une, qui portait une robe très courte et des collants opaques, avec un petit manteau plus long par-dessus. Un très bel ensemble que plusieurs trouvèrent « génial », mais que Natacha s’imagina mal pouvoir porter avec ses bas ! Elle regretta un instant de ne pas avoir gardé son tailleur du matin, histoire d’épater les copines ; mais elle se sentait plus à l’aise vêtue ainsi et, de toute manière, elle avait décidé d’en offrir la primeur à Jean.

Elle regagna son logis, contente de sa journée, et entreprit de se préparer en vue de la soirée. Une fois douchée et pomponnée, elle disposa les vêtements sur le lit. Les petites traces laissées par la gaine sur son ventre, découvertes lorsqu’elle s’était changée quelques heures plus tôt, avaient disparu. L’habitude venant, elle enfila la gaine et les bas sans état d’âme, passa la combinaison (toujours aussi voluptueuse) et endossa le tailleur.
Elle ajusta la gaine sur son derrière, en tirant dessus, à travers la jupe, vérifia encore une fois la tension des bas, puis s’examina en détail dans le miroir, se tournant de tous les côtés.

Elle se sentait belle.

Assez fière d’elle, Natacha prit le parti, une fois encore, de relever ses cheveux. Elle aimait bien les chignons pas trop sages. Avec la rigueur du tailleur, cela mettrait un peu de fantaisie à sa tenue !

Elle avait encore un peu de temps devant elle avant d’aller retrouver Jean. Ses parents étant absents pour quelques jours, elle avait projeté, avec son chéri, de passer la nuit chez elle.
Elle mit ce loisir à disposition pour faire un peu d’ordre dans ses affaires.
Alors qu’elle rangeait les livres, les bibelots, ainsi que divers habits éparpillés dans sa chambre, Natacha fut prise d’un doute. Etait-ce vraiment une bonne idée que de s’habiller ainsi pour cette soirée qui s’annonçait « cocooning » ? Elle fut saisie d’un léger vertige et ses pensées se brouillèrent un instant. Quand elle eut repris ses esprits, elle en eut soudain la certitude : ce n’était pas encore le moment.

Elle se dévêtit rapidement, rangea les dessous et le tailleur dans son placard et endossa sa tenue de l’après-midi. Elle se sentait libérée d’une sorte d’angoisse.  Après avoir passé à la salle de bain pour mettre un peu de rouge et se parfumer, elle prit son sac et sortit.

 

Quand elle arriva dans le café où ils s’étaient donnés rendez-vous, Jean l’attendait, assis sur la banquette de bois. Il sirotait son Picon-bière, le regard vagabondant à travers les glaces du bistrot. Dès qu’il l’aperçut, il lui fit signe et lui sourit. Elle s’approcha, il se leva pour l’embrasser. Elle remarqua qu’il s’était mis sur son 31. Désemparée durant quelques secondes, elle lui lança :
- La classe ! Tu as sorti le grand jeu !

Elle s’assit à côté de lui. Jean fit un petit signe au serveur. Il réapparut bientôt avec un second Picon-bière. Les amoureux entrechoquèrent leurs verres. Natacha but une petite rasade de bière.
- J’espère que tu n’es pas trop déçu. Comme on a prévu un petit week-end à la maison, je me suis dit que je serais plus à l’aise ainsi. Et puis j’aime bien cette veste et ce pull.
Jean répondit de manière évasive.

Un silence se fit entre eux. La jeune femme sentait que son homme, en dépit de son apparente indifférence, était déçu.

Elle lui raconta sa semaine (en omettant soigneusement son équipée du matin), et les problèmes que lui causait un exposé qu’elle devait présenter prochainement. Leurs deux mains s’étaient rencontrées sur la table. Il approcha sa bouche de la sienne. Son baiser, très intense, la troubla. Elle sentit sa main sur sa cuisse, à travers le tissu de son jean. A ce moment précis, elle regretta tout au fond d’elle-même d’avoir renoncé à mettre le petit tailleur gris et les bas qui allaient avec. Elle prit son verre et avala une grande gorgée.

Ils discutèrent de choses et d’autres, heureux de se retrouver après plusieurs jours de solitude.
- J’avais pensé qu’on pourrait peut-être aller au resto, qu’en penses-tu Natacha ?

- Booh, pourquoi pas ? Mais je me disais que, pour une fois que mes parents étaient loin, on aurait pu se faire une petite bouffe entre nous. Si j’avais su, je me serais habillée plus chic !

- Mais tu es resplendissante, ma chérie.

Jean n’était pas très doué pour le mensonge, et le compliment un peu forcé qu’il adressa à Natacha fut reçu comme il le méritait.
- Ne raconte pas de bobards, je te connais plus que tu crois, et je vois bien que tu es déçu que je sois en jean ce soir.
Un silence qui parut à la jeune femme une éternité s’installa entre eux.

Jean le rompit enfin.

- C’est vrai, tu as raison. Je pensais que tu mettrais ta petite robe…

Puis, après un nouveau silence :

- Tu sais, après cette soirée, la dernière fois, je ne pouvais ôter de mon esprit certaines images, qui revenaient comme des fantômes. La robe à la limite de tes genoux, les bas infiniment doux sous ma paume, l’odeur de la combinaison… Et puis ces rubans qui tenaient le tout parfaitement en place. J’aurais voulu que ça ne cesse jamais.

Natacha ne put empêcher une certaine rougeur de lui monter aux joues.
- Allez, on y va, tout cela n’est pas bien grave ! Ce qui compte, c’est qu’on soit ensemble.
Il régla la consommation. Ils se levèrent tous deux. Il la prit par la taille et ils sortirent.

Sous le jour déclinant, le boulevard était très animé. Ils firent quelques courses puis se rendirent chez Natacha.

La soirée fut tendre et coquine à la fois. Les jeunes amants se préparèrent un petit repas arrosé d’une bouteille d’un bon vin rouge. Jean, qui adorait jouer au pâtissier, confectionna des petit choux à la crème qui couronnèrent le tout. Comme ni l’un ni l’autre n’avait vraiment envie de dormir, ils regardèrent un DVD, allongés sur le canapé, tout en se caressant et s’embrassant. « Une femme française », avec Emmanuelle Béart dans le rôle-titre. Une histoire bouleversante.

Lors de la fameuse scène durant laquelle l’héroïne malheureuse du film s’accorde un moment d’égarement avec son voisin allemand, Au moment où la caméra cadre les jambes d’Emmanuelle Béart, gainées de bas-coutures, et suit la main de l’amant, dévoilant les jarretelles, Natacha sentit le sexe de Jean se durcir sous le tissu du pantalon.
- Demain je me ferai belle pour toi, lui susurra-t-elle à l’oreille.
Jean l’embrassa avec une passion inattendue. Il défit sa ceinture. Son pantalon tomba. Natacha enleva le sien.
Le canapé devint une barque d’amour.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 12:10

XV

Natacha paya les bas – un prix encore élevé pour des paires de reste, cependant pas excessif –. Elle salua la vendeuse et quitta le magasin.

Elle avait hâte d’aller surprendre sa grand-mère.
Quand celle-ci ouvrit la porte et aperçut la jeune fille, son visage s’éclaira.
- Natacha ! Je ne t’attendais pas ce matin… Cela me fait plaisir de te voir, tu sais ?
Et puis, réalisant soudain que Natacha avait mis le petit tailleur de ses vingt ans :
- Entre, et montre-toi un peu mon ange… Tu es magnifique ! Si tu savais comme je suis contente de te voir ainsi… Ce tailleur te va comme un gant ! Mieux qu’à moi… (elle en rajoutait un peu, comme souvent).

Natacha entra.
- J’étais en train de faire du thé, tu en veux une tasse ?
La jeune femme acquiesça. Elle s’assit dans un des fauteuils de cuir du salon. Elle sentit, sous la jupe du tailleur, la gaine exercer une légère pression sur son ventre. Décidément, la position assise n’était pas la plus confortable…

Iryna la rejoignit, portant un plateau sur lequel elle avait disposé la théière de fonte et deux tasses de porcelaine, un petit pot de lait et une coupe garnie de morceaux de sucre. Elle posa le tout sur une petite table basse, entre les deux fauteuils et servit le thé. Natacha ajouta un peu de lait et de sucre et remua la tasse, tout en humant le parfum s’en échappant.
- Hum… ça sent bon… J’adore ton thé de grand-mère !
Iryna sourit. Avisant le sac portant l’enseigne du magasin de lingerie, que Natacha avait posé à côté d’elle, elle reprit :

- Ah ! Je vois que tu as fait des achats…

Natacha saisit le sac et répondit, tout en l’ouvrant :

- Je me suis acheté deux paires de bas.

- Tu n’aurais pas dû, je peux t’en donner d’autres paires. Mais ne me dit pas que tu as déjà filé celles que tu as emportées quand tu es venue…

- Non, rassure-toi… Je les ménage, les réservant pour les grandes occasions !

Sur ce, elle entreprit de lui raconter ses derniers exploits, l’achat du porte-jarretelles, après l’avoir quittée la dernière fois, la soirée avec Jean (en oubliant certains épisodes), enfin l’achat des bas, le matin même.

- J’ai mis la gaine aujourd’hui… Il faut que j’essaie de m’y habituer si je veux jouer le grand jeu ce soir.
- Cela ne m’étonne pas de toi, lui répondit Iryna, amusée. Comment te sens-tu dedans ?
- Euh, à vrai dire, en ce moment, assise comme cela, ce n’est pas vraiment le pied.
- Oui, je m’en doute. C’est un modèle renforcé sur le devant, une gaine de bon maintien, comme au disait autrefois. Cela demande un peu de patience et de pratique pour s’y faire. Comme certaines chaussures.
- Et tu n’as pas quelque chose qui ressemble, en moins rigide.
- Hélas non, ma chérie. Une fois qu’on est habituée à une certaine tenue, il n’est pas évident de revenir à une ceinture plus souple. C’est un peu comme de passer d’une Porsche à une Deux-chevaux !

Les comparaisons que sa mamie se plaisait à faire avec le monde automobile amusaient Natacha. Elle ne put réprimer un petit rire joyeux.
- Tu ris, mais c’est la vérité.
- Bon en attendant, j’aimerais bien trouver quelque chose de moins serré !

Iryna examina les bas achetés par la jeune femme.
- Ils ne sont pas mal. A vrai dire, je ne pensais pas qu’on  puisse encore en trouver de semblables.
- C’est un stock relativement ancien, à ce que j’ai compris.
- Tu as remarqué, une des paires a la couture ?
- Oui, j’avais envie d’en avoir une paire, pour essayer à l’occasion.
- J’en ai souvent porté au début des années 50. Il n’y avait presque que cela dans les merceries. Quand les bas sans couture sont arrivés, la plupart des femmes les ont adoptés, les plus âgées exceptées. Ma mère par exemple, n’a jamais voulu en acheter. Elle trouvait cela vulgaire et ne comprenait pas que je m’y sois mise. Il faut dire que, pour les femmes de sa génération, les bas représentaient quelque chose de très important. Pendant la guerre, alors qu’ils étaient introuvables (la soie et le nylon étaient réquisitionnés par l’armée), nombreuses sont celles qui se peignaient les jambes et dessinaient au crayon une couture en trompe-l’œil… Moi, j’étais encore trop jeune pour qu’on m’autorise à mettre des bas : je n’ai pas connu cela !

Natacha captivée par le récit de son aïeule, buvait ses mots. La vieille dame marqua une pause dans son récit. Un nuage passa sur son front. Elle poursuivit :
- La paire que tu as achetée a la couture en pointe. Ce sont ceux que je préférais. D’autres avaient un renforcement carré à la cheville, beaucoup moins élégant à mon goût.
Elle marqua une nouvelle pause.
- Quand tu les mettras, j’aimerais bien te voir avec. Cela me rappellera des souvenirs !

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 18:30

XIV

Après avoir pris une douche et avalé son petit-déjeuner, Natacha endossa, comme elle l’avait prévu, sa panoplie de femme des années 50. Au fur et à mesure des étapes du petit rituel inauguré la veille, la jeune femme sentait cependant sa bravoure diminuer. Elle était tout à coup beaucoup moins sûre de sa résolution. Ce test « grandeur nature », était-ce vraiment une bonne idée ? Et si d’aventure elle rencontrait une amie chemin faisant ? Et si Jean en venait à trouver cela moche, ou, pire, « mémé »… ?

Elle résolut de mettre à exécution la première phase de son plan. Si elle se sentait mal à l’aise, pas prête, rien n’empêchait qu’elle se change avant d’aller retrouver son amoureux !

La rue était animée. Le soleil brillait, l’air de matin, encore relativement frais en ce jour de mars, semblait donner aux gens une énergie nouvelle et aux choses gaîté et légèreté. Un beau matin pour ce promener en ville. La jupe du tailleur se balançait légèrement au rythme de ses pas, frôlant le creux de ses genoux. Elle se sentit soudain une forme éblouissante.

Ses talons battaient joyeusement en cadence le bitume du trottoir. Elle était heureuse d’être là… et certains passants le voyaient bien. Ils la suivaient un moment du regard, intrigués par cette image sortie d’un écran de cinéma. Une femme à l’élégance certaine, que sa chevelure rousse, nerveuse, et son sourire mettait en lumière. Son bonheur paraissait contagieux : il suffit parfois d’une apparition comme celle-là pour qu’une journée s’éclaire – et que la vie reprenne un peu de sens !

Devant une vitrine qui réfléchissait son portrait, Natacha vérifia brièvement sa tenue : tout semblait parfaitement en place. Elle sentait en marchant le léger mouvement de tension et de relâchement alterné des ganses maintenant ses jarretelles – et cette sensation n’était pas sans provoquer en elle une certaine griserie…. Passant à proximité du magasin où elle avait, l’autre jour, fait l’emplette d’une jolie parure, elle ne put résister au plaisir de faire un peu de « provoc’ ». Quelle tête ferait la vendeuse en la voyant dans ce tailleur, elle qui prétendait lui donner des leçons sur la mode des « fifties » !
Elle entra d’un pas décidé.
- Bonjour Madame, vous désirez ?
Bingo ! C’était précisément la vendeuse qui l’avait servie.
- Il me faudrait une paire de bas.
- Vous voulez dire des collants, je suppose ?

La question surprit Natacha. La brave dame ne se souvenait-elle donc pas de ce qu’elle lui avait vendu ?

- Non, des bas.
- La vendeuse, réalisant soudain sa bévue, se reprit :
- Suis-je bête, vous êtes venue il y a quelques temps, bien sûr. Pardonnez-moi !
Les deux femmes échangèrent un regard, la vendeuse souriant poliment à sa cliente.

- Quelle qualité ?
- Je souhaiterais une paire dans une teinte et une qualité assez proches de celles-ci, répondit Natacha, en dévoilant légèrement son genou.
La vendeuse se pencha pour examiner les bas.
- Des nylons anciens d’une très belle qualité. Pas évident de trouver l’équivalent dans l’assortiment actuel… Je mets des bas assez souvent, je suis bien placée pour le dire ! Quelle taille ?
Natacha se sentit piégée. En fait, elle n’y connaissait rien… Elle dut faire un gros effort pour se remémorer l’étiquette qui figurait sur les pochettes des paires empruntées à sa grand-mère.
- Euh, du 9 ½ .
La vendeuse fit coulisser plusieurs tiroirs, ouvrit diverses boîtes, en extrait plusieurs sachets plastifiés.
- Sans couture, en teinte « fumée », ou « Flandres », un peu plus gris, j’ai ces modèles, qui pourraient convenir. Ce sont des paires déjà assez anciennes.
Natacha se pencha pour examiner les bas.

- Et avec couture, vous avez quelque chose ?
- Le choix est encore plus réduit, lui répondit la vendeuse, en cherchant dans un tiroir situé tout en bas de comptoir. Nous avons encore quelques paire en marron foncé, Cappuccino, plus précisément, et en fumée. Voici.
Natacha compara attentivement les divers modèles proposés ; la vendeuse glissait avec d’infinies précautions son poing pour lui donner une idée plus précise du coloris de certaines paires.
- Je vais prendre ces deux, finit-elle par dire, en indiquant deux pochettes : une paire sans couture, d’un beau gris très foncé, et une paire de bas couture (elle trouverait bien un prétexte pour les mettre !) de couleur fumée.

- Ils seront parfaits avec l’ensemble que vous avez acheté la dernière fois.

Natacha-14.jpg

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 09:31

XIII

- Sérieusement ?

- Je suis très sérieuse. Tu sais que ce n’est pas vraiment mon style, mais j’avoue que là, tu fais très fort…
Elle la contempla encore de pied en cap. Un léger froncement de sourcils alerta Natacha.
- Ben quoi, qu’est-ce qu’il y a?
- Rien. Ou plutôt si. Une broutille. La jupe est peut-être un peu trop serrée. Là, au niveau du ventre, c’est dommage. Veux-tu que je la reprenne et lui donne un peu de jeu su les hanches ?

Feignant l’indifférence, la jeune femme, qui avait sa petite idée sur la question, lui lança :

- Non, non, cela ira très bien comme cela. C’est gentil de ta part de te proposer, mais on ne va pas se prendre la tête, je ne me présente tout de même pas au concours de Miss France !

- Comme tu veux. J’espère que ton cher Jeannot saura apprécier sa princesse.

Natacha ne répondit pas. Elle détestait quand sa mère appelait Jean ainsi. Et sa mère le savait.

A peine celle-ci sortie, Natacha marcha vers sa penderie et l’ouvrit. Elle farfouilla un instant dans sa garde-robe (l’ordre n’était pas son fort) et, trouvant ce qu’elle cherchait, en extirpa les deux ceintures empruntées à Iryna. Elle les disposa sur son lit, l’une à côté de l’autre.
Elle connaissait déjà la gaine blanche, sobre, fonctionnelle, essayée chez sa grand-mère. La guêpière noire ajourée était garnie de baleines. Elle eut envie de la passer.

Elle décrocha ses bas et les retira, ainsi que la combinaison. Dégrafé, le porte-jarretelles tomba à ses pieds. Elle saisit la guêpière, la passa autour de sa taille et entreprit d’en fermer les agrafes, en forme de petits œillets, au nombre d’une dizaine, relativement rapprochés. La ceinture, posée sur ses hanches, lui enveloppait la taille, s’arrêtant juste sous les côtes. Bien que le tissu soit relativement élastique, la pression, au niveau de la taille, était assez forte. Elle accrocha ses bas et se contempla dans le miroir de la penderie. Ainsi moulée, la taille marquée, elle se retrouva soudain dans la peau des icônes glamour des années 50.

Se penchant pour passer la jupe, elle ressentit plus fortement l’étreinte des baleines sur son buste ; elle se redressa. Le boutonnage était beaucoup plus libre : la jupe flottait un peu au niveau de la taille ; elle tentait cependant toujours sur le ventre. De toute évidence, la guêpière n’était pas vraiment faite pour mettre en valeur une jupe ajustée. Ce constat un peu décevant ne fut pas pour lui déplaire. Le simple fait de respirer lui paraissait plus difficile et, ainsi serrée, elle imaginait mal pouvoir l’endurer très longtemps. Elle décrocha les bas, qui glissèrent tels un souffle sur ses jambes et dégrafa la ceinture avec un sentiment de soulagement.
« Voyons un peu si la blanche est plus portable ».

La tenant à bout de bras, Natacha examina attentivement la gaine, un peu intimidée. Elle se décida enfin à l’enfiler. S’efforçant de rentrer le ventre, elle fixa un à un les crochets placés devant, sur le côté gauche. La tension provoquée était forte, mais pas désagréable. Saisissant la petite ganse de coton blanc etre le pouce et l’index, elle remonta la fermeture éclair. La gaine épousait la courbe parfaite de ses hanches, cintrant légèrement en dessous de l’entrejambe et se resserrant sur la taille. Moulée dans le satin, Natacha accrocha les bas.

Elle passa la jupe, fit quelque pas dans sa chambre, s’arrêtant à plusieurs reprises devant le miroir. Il n’y avait pas photo : le tailleur tombait mieux. Ainsi vêtue, elle se sentait un corps de star hollywoodienne. Jean qui, comme elle, adorait les vieux films américains, apprécierait-il une telle tenue ? L’idée de le mettre au défi l’amusait. N’ayant pas l’habitude de porter des dessous aussi « présents », elle nourrissait quelques craintes, se sentant partagée entre l’envie de tout enlever et celle de tester la gaine « en vrai », pour voir si elle en supporterait la contrainte au-delà d’une simple séance d’essayage.

Elle décida de garder l’ensemble un moment et revint à sa table de travail. En s’asseyant, elle sentit les jarretelles, relativement courtes, se tendre sur ses fesses. Etrange sensation… La position assise n’était pas la plus confortable, la gaine exerçant une certaine pression sur son ventre. Mais c’était tenable. Peut-être faillait-il un peu d’habitude. Elle posa ses mains sur le clavier de l’ordinateur et reprit la rédaction de son texte.

Absorbée dans ses réflexions, elle ne prit bientôt plus garde à ses dessous. Au contraire, elle avait l’impression d’être plus concentrée. Comme si le fait d’être physiquement soutenue l’aidait inconsciemment à mieux cadrer sa pensée.

Quand elle se leva, elle sentit que les bas se retendaient d’eux-mêmes. Les poches aux genoux étaient quasiment inexistantes. Cette constatation, liée à un sentiment de plus grande sécurité l’encouragea à poursuivre l’expérience.
C’était décidé : le lendemain matin, elle mettrait le tailleur, la gaine et les bas et irait dire bonjour à sa chère mamie. Un excellent test avant de se lancer dans une soirée en amoureux dans la même tenue !

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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 09:21

XII

Les jours suivants, Jean appela à plusieurs reprises Natacha pour prendre de ses nouvelles.
Il se voyaient rarement en semaine, étant pris chacun par des activités multiples. Il ne manquait pas de lui demander, à chaque appel, si elle avait remis ses bas. Cette insistance étonna un peu Natacha. Peut-être redoutait-il qu’ainsi parée elle ne s’attire de nouveaux chevaliers servants ? Ou alors fantasmait-il, depuis le fameux soir, sur les dessous de sa belle, et leur évocation contribuait-elle à alimenter son rêve éveillé ? Peut-être les deux raisons expliquaient-elles ces questions récurrentes…

Quoi qu’il en soit, il n’avait pas de raison de s’inquiéter. Natacha ne se sentait pas encore suffisamment à l’aise pour assumer un porte-jarretelles et des bas quand elle sortait faire des achats, visiter des amies, ou quand elle avait cours. Cela devait rester, dans son esprit, une fantaisie qu’elle se plaisait à faire à son amoureux.

Une fin d’après-midi qu’elle étudiait dans sa chambre, elle fut soudain prise de vague à l’âme. Pour se changer les idées, elle se dit qu’elle réessaierait bien le petit tailleur d’Iryna.
Peut-être aurait-elle le cran de le porter lors de sa prochaine rencontre avec Jean (elle était curieuse de connaître sa réaction), autant assurer le coup… Elle referma son livre et éteint son ordinateur portable.

Elle se leva et sortit de son armoire le tailleur, la combinaison de soie, le porte-jarretelles et les bas.
Après s’être dévêtue, elle enfila le porte-jarretelles et les bas. Retrouver la sensation voluptueuse du nylon déroulé sur les jambes lui procura un plaisir intense. Des images très fortes lui revenaient, se bousculant pour être les premières à défiler. Elle se revoyait enfoncée dans le fauteuil du cinéma, Jean posant sa paume sur ses genoux serrés. Elle le revoyait à genou devant elle, remontant sa robe et posant son visage sur la soie, contre ses cuisses. Elle sentait ses doigts courir sur la frange du bas, puis se glisser dessous. Elle revoyait son sexe gonfler sous son pantalon et ses yeux se troubler de désir.

Elle passa la culotte, puis endossa la combinaison. La sensation de la soie glissant sur son corps lui procura la même émotion que la première fois : un frisson divin.
Elle mit un chemiser, pris la jupe sur son cintre et la passa. Elle enfila la petite veste cintrée, et chaussa ses escarpins noirs.

Elle se regarda dans la glace de la penderie. Elle trouva qu’elle n’était pas si mal…

Une question la tarabustait cependant. Comment éviter la mésaventure survenue après la fin de la projection, quand elle s’était relevée et avait constaté que ces bas pochaient au niveau des genoux. Etait-ce un problème de bas ? Ou de porte-jarretelles ?

Le double virtuel d’Iryna, penché sur son oreille, lui souffla malicieusement : essaie la gaine, cela résoudra peut-être ton problème ! Elle chassa cette intrusion inattendue dans son esprit et décida de garder le tailleur un petit moment, histoire de voir comment elle se sentait dedans. Elle s’assit à sa table et reprit sa lecture.

Quelqu’un heurta bientôt à la porte de sa chambre.
- Natacha !
C’était sa mère.
- Entre seulement !
- Je voulais savoir si tu mangeais avec nous ce soir.
- Heu, oui, en principe. On mange quoi ?
La mère contempla sa fille, assise à son petit bureau.
- Soirée blinis et saumon fumé, c’est ton père qui a choisi. Mais dis-moi, tu as mis le fameux tailleur de belle-maman, à ce que je vois… Tu es sûre que tu ne sors pas ?
Natacha opta pour la franchise.
- J’aimerais bien le mettre demain, pour voir Jean. Comment tu me trouves ?

- Elle se leva et fit volte-face, tournant gracieusement sur elle-même (comme seules les filles savent le faire).

- Tu es magnifique ma chérie.

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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 18:30

XI

Ce n’est que lorsqu’ils se retrouvèrent dans la « tanière » de Jean (c’est ainsi qu’il avait baptisé sa chambre d’étudiant), que le jeune homme avait découvert la surprise que Natacha lui avait réservée.

Après s’être versé un verre (Natacha se sentait finalement un peu mieux…), ils s’étaient assis côte à côte sur le canapé. Jean, soudain plus entreprenant, avait glissé une main entre ses cuisses. Glissant doucement ses doigts le long des bas, il s’était soudain immobilisé.
Il lui avait jeté un regard un peu fou.
- Tu as mis des bas… des vrais ? Comme dans les films ?
Elle n’avait pas répondu tout de suite. L’annulaire de Jean, longeant l’arrête du bas, s’était alors aventuré sous le nylon, caressant la peau lisse et tendre de l’intérieur de sa cuisse.
Elle avait cru perdre connaissance tant son émotion était intense.
- Tu n’avais pas remarqué avant?

- Euh, ben, non…
- Et c’est tout l’effet que ça te fait ? lui reprocha Natacha, feignant d’être piquée au vif.
- En fait, à vrai dire, un ou deux détails m’ont intrigué. La texture de tes bas m’a paru différente de celle des collants que tu mets parfois, et il y a cette zone un peu plus sombre, que j’ai entrevu l’éclair d’un instant en haut de la cuisse, quand tu as croisé les jambes. Mais surtout j’ai cru sentir, à un moment donné, une petite bosse sous ta robe, là, devant.
Ce disant, il avait dessiné de l’index un cercle parfait autour du bouton d’une de ses jarretelles.

- Et puis cette façon que tu avais de serrer les jambes l’une contre l’autre, avec une force plus grande… Je me posais des questions – sans vouloir t’en poser, pour ne pas te paraître « lourd ». Je n’y connais pas grand-chose, mais j’avais ma petite idée. Je dois t’avouer que j’étais très impatient de me retrouver en tête à tête avec toi. Quand tu as proposé de rentrer directement, je n’ai pas vraiment insisté pour te contrarier, alors que j’avais vraiment faim (et pas seulement de toi !), pas vrai ?
Natacha était un peu interloquée. Et dire qu’elle croyait mener le bal… Ce cher Jean était décidément plus finaud qu’il n’y paraissait ! Elle se releva et lui lança, provoquante :
- Tu veux les voir ?

Jean ne répondit pas. Il s’agenouilla à ses pieds et entreprit de remonter lentement la robe, dévoilant l’ourlet dentelé de la combinaison, puis le revers plus sombre des bas. Il posa son visage entre ses jambes et huma délicatement ces dessous d’un genre nouveau qu’il ne lui avait encore jamais vu porter.
- ça sent bon.
Il posa joue contre la soie satinée de la combinaison.
- C’est délicieusement doux… et frais. Qu’est-ce que c’est ce tissu ?
- De la soie.
- C’est beau, cette dentelle. On voit les bas dessous, plus sombres. Cela me fait bander.
Continuant son exploration, il découvrit enfin les jarretelles, auxquelles les bas étaient délicatement arrimés. Le nylon, pincé, faisait de petites fronces. Il examina longuement les rubans, testa leur tension du doigt, puis les humecta du bout de la langue.
La cérémonie sembla durer une éternité à Natacha, qui essayait tant bien que mal de ravaler un violent désir de passer à des jeux moins subtils.
- ça te plaît ? demanda la jeune femme, mutine.
Il se leva sans mot dire et l’embrassa longuement.
- Mon amour. C’est une merveilleuse surprise. Tu es sublime…

Il la contemplait avec une pointe de curiosité dans le regard.
- Je connais bien tes goûts pour les fringues vintage ; mais j’avoue que là, tu m’épates... Quelle mouche t’a piquée ?
- Je t’expliquerai… une autre fois…, lui susurra-t-elle en posant son index sur ses lèvres.
Bien qu’elle soit impatiente de lui raconter le fin mot de l’histoire, Natacha avait de tout autres désirs que de faire des confidences. Elle ôta ses souliers et entraîna Jean vers le lit. Il retira sa culotte d’un geste un peu malhabile (elle faisait mine de s’accrocher aux jarretelles !) et la porta à son nez, ne pouvant résister à l’envie d’en humer le parfum. Les caresses redoublèrent d’intensité entre les amants. Jean avait une trique monstrueuse !

Ce soir là, pour la première fois de sa vie, Natacha fit l’amour tout habillée. Au diable la robe troussée… et la peur de filer ses bas. Ce fut délicieusement bon.

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Image empruntée (une fois encore!) à GentlemanW, parue sur Paperblog

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